HB Blog 22 avril

"Ça y est ! Cette fois, je l'ai. Mon père fait la gueule mais tant pis. Elle est à moi !
J'ai monté le carton dans ma chambre pendant que mes parents s'expliquent avec ma grand-mère. Ça risque de ne pas être triste mais bon... j'ai mieux à faire.
J'ouvre la boîte, je sors les polystyrènes : elle est là. Je sors doucement chacun des éléments. Je branche le boîtier de la console sur mon ordinateur. J'ouvre la connexion et c'est parti.
Les équipements correspondent bien aux descriptions que j'avais pu lire : des lunettes enveloppantes à 360°, oreillettes, micro, poignées ergonomiques à infrarouges. Pas de fil pour limiter les mouvements.
Les lunettes sont plus légères que ce que je pensais. Une fois accrochées derrière la tête, on ne les sent presque plus. Sauf que, à moins d'allumer la console, on est dans le noir total.
Les poignées s'adaptent parfaitement à la forme des mains bien qu'elles soient encore un tout petit peu trop grandes pour moi. La base bien calée dans la paume, chaque doigt peut appuyer sur un bouton différent. Avec même deux boutons pour chaque pouce. Soit un total de douze commandes que l'on peut utiliser séparément ou appuyer ensemble pour faire des combinaisons. Avec ça, plus les gestes des mains et des bras, on a accès une quantité de mouvements jamais égalée dans aucun jeu vidéo. Et le tout dans un environnement virtuel à 360° : grâce aux lunettes enveloppantes, où que je tourne la tête, je suis entièrement immergé dans le jeu. Mais, grâce aux poignées, je peux évoluer dans les décors sans avoir à me déplacer moi-même.
Évidemment, ça demande un peu d'entraînement mais, d'après les commentaires que j'ai lus, il paraît que les principaux mouvements sont acquis au bout de seulement quelques heures de pratique et les enchaînements de boutons deviennent progressivement naturels. On ne réfléchit presque plus à ce que font nos doigts : on est entièrement plongé dans l'aventure."

"J'allume la console, j'entre mon nom, je crée mon mot de passe et je choisis un personnage. Pour l'instant, je n'ai toujours pas touché aux poignées. Je pourrai le faire avec le clavier de mon ordinateur mais je préfère utiliser les capteurs optiques intégrés dans les lunettes. Les images et les sons de ma chambre semblent avoir déjà disparu. Et dire que l'aventure n'a pas encore commencé.
Je me retrouve face à un miroir. Évidemment, mon corps et mon visage ne sont plus les miens. Je tourne la tête et je regarde tout autour de moi. Je suis dans une vaste pièce entièrement vide. De petits mouvements de la tête et des yeux me permettent de choisir une direction et de déplacer doucement mon personnage. Je fais le tour de la pièce. J'essaie d'accélérer un peu le pas mais je me sens encore bien maladroit. Pas de porte. Le plafond est très haut au-dessus de ma tête. Il n'y a que le miroir au centre de la pièce.
Je m'appuie contre un mur. Mon personnage ne peut plus avancer. Je passe mes deux mains devant mes lunettes : les mains de mon personnage apparaissent devant mes yeux ! C'est fascinant. Je bouge chaque doigt l'un après l'autre et je vois chaque mouvement se reproduire instantanément devant mes yeux. Ces mains semblent être réellement les miennes !
Je les pose contre le mur. Mes mouvements restent libres bien sûr mais ceux de mon personnage sont arrêtés par l'obstacle. L'illusion visuelle est si parfaite que j'ai la sensation physique d'avoir un mur contre moi. Je peux frapper sur ce mur aussi fort que je le veux sans ressentir la moindre douleur.
J'active maintenant le micro et les oreillettes. J'entends le bruit de mes pas, même le bruit de mon souffle... et je m'entends parler avec une voix qui n'est plus du tout la mienne.
C'est vraiment fascinant. En quelques instants, je me suis entièrement immergé dans mon personnage. Mes sens ne réagissent plus à ce qui existe mais à ce que je vois et ce que j'entends. Et l'aventure n'a toujours pas commencé...
Toujours par capteurs optiques, je peux avoir accès à tous les paramètres vitaux de mon personnage. Ce sont des informations qui, tout au long de mes aventures, m'indiqueront l'état de santé de mon personnage (ou de mes personnages) puisque les sensations de douleur n'existent plus.
Je peux interrompre et sauvegarder à tout moment ma partie. Je peux choisir un fond musical, modifier les données mentales de mon personnage (le rendre plus agressif, plus rusé ou plus prudent) et beaucoup d'autres choses mais cela demande du temps : je m'en occuperai plus tard.
Pour l'instant, mon personnage existe, je bouge et je parle à sa place. C'est déjà fantastique et je n'ai pas encore eu à toucher aux boutons de mes deux poignées."

"Un coup d'oeil dans mes paramètres m'indique que ma partie dure déjà depuis trente-deux minutes. Ça alors ! Mais quelle heure peut-il bien être ?
Je me rends compte brutalement que, depuis trente-deux minutes, je ne sais rien de ce qui a bien pu se passer autour de moi. Est-ce que quelqu'un m'a appelé ? Est-ce que ma grand-mère est encore là ? Est-ce que quelqu'un est entré dans ma chambre ? En fait, je pense qu'il fait encore jour mais je n'en aurai pas la confirmation avant d'avoir enlevé mes lunettes. Pour l'instant, je suis entièrement aveugle et sourd... C'est une pensée furtive mais néanmoins angoissante... Ah, qui est là ? Je viens de sentir quelque chose !... Non, ce n'est probablement rien.
"Non, ce n'est rien." Je viens de m'entendre prononcer ces mots avec ma nouvelle voix. Cette machine est vraiment fantastique.
Je me remets à marcher et à parler seul dans cette pièce virtuelle. L'image est fluide. Parfaite. Aucun défaut dans le mouvement.
Je reviens au centre de la pièce et je me place face au miroir.
Je vois mon personnage dans chacun de ses détails. Le moindre de ses mouvements se réfléchit dans le miroir. Je vois tout.
Je presse chacun des boutons que je sens au bout de mes doigts et le corps de mon personnage enchaîne des mouvements de plus en plus complexes. J'étudie chaque geste très attentivement dans le miroir. Je bouge mes doigts en essayant d'associer un geste réel à un geste virtuel... Au bout de quarante minutes de jeu, ma première séance d'entraînement peut enfin commencer les yeux rivés sur le miroir.
Il faudra que je raconte tout ça à Michael demain matin."

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