HB Blog 14 octobre

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Mise à jour... 14 octobre

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"Ça y est, je suis parvenu au bout du niveau Oedipe. J'ai vaincu le quatrième palier !
L'aventure s'est révélée à la fois poignante et passionnante, comme un mélange des trois niveaux précédents. Et mon aisance dans le jeu me semble presque parfaite.
Là encore, je me suis beaucoup plus investi dans la partie réelle que dans la partie fictive.
Le scénario démarre par une scène forte : mes parents m'annoncent qu'ils ne sont pas mes véritables parents et que je vais devoir, seul, partir à la recherche du secret de mes origines. Un destin formidable et mystérieux s'ouvre devant moi. Jouée avec les visages de mon père et ma mère, cette scène m'a plusieurs fois tiré les larmes des yeux. Je l'ai rejouée peut-être une dizaine de fois. En plus, en ce moment, l'ambiance est difficile à la maison. Mon père semble avoir renoncé à m'interdire les jeux vidéo mais je sens qu'il y a un autre problème avec maman. J'ai gagné en liberté et en solitude. Plus personne ne m'empêche d'utiliser les lunettes 3D.
J'ai remporté de nombreux combats. J'ai résolu plusieurs énigmes. J'ai déjoué les pièges et les mensonges tendus par mes adversaires. Je suis mort, aussi, quelques dizaines de fois.
J'ai tué. Je suis mort. J'ai vaincu. Puis j'ai enlevé mes lunettes et rien autour de moi n'avait changé.
Au lycée, personne ne me remarque sauf, peut-être, pour ma mine de déterré manquant de sommeil. Mes résultats sont médiocres mais plus personne ne semble s'en inquiéter. Je ne dialogue quasiment plus sur Internet. Seul le sport m'intéresse encore. Parfois.
Je sens bien le fond de mon problème : je n'existe plus qu'au travers de ce jeu vidéo qui a recréé une "réalité virtuelle" autour de moi et qui m'apporte toutes les émotions que je ne ressens pas ailleurs.
Mon cerveau est bombardé d'images et de sons à fortes doses. Les jeux simples sur écran plat n'arrive plus à me stimuler. J'ai un mal fou à concentrer mon attention sur des sujets qui ne s'emparent pas intégralement de mes cinq sens et de mon cerveau comme le fait ma console.
Néanmoins, je me raccroche à l'idée que cet univers virtuel a une fin et que je progresse de plus en plus vite. Bientôt, je triompherai du niveau Sisyphe et je pourrai alors passer à autre chose : retrouver la réalité.
Je sais aussi que ce jeu développe certaines de mes qualités et me donne confiance en moi. Je vis cela comme une épreuve et je n'envisage pas de m'arrêter avant la fin. De plus, je sais que je ne suis pas seul. Il existe des millions de joueurs et je peux devenir l'un des meilleurs : participer à des tournois, proposer des scénarios, ouvrir un club de jeu, créer mes propres maquettes. Tout le monde a besoin de jouer, c'est un marché énorme. A l'échelle mondiale. Je ne suis pas si différent des autres mais, moi, je vais au bout de ce que j'entreprends.
C'était peut-être un peu le sens de ce niveau : ma vie n'est pas la mienne et il ne tient qu'à moi de tout remettre en cause pour vraiment me découvrir. Et me sentir fort. Est-ce que mes amis doivent être obligatoirement ceux de mon enfance ? Est-ce que, à mon âge, il ne vaut pas mieux rompre avec tout pour créer un nouveau personnage ? Qui me corresponde mieux.
Je peux créer des dizaines de personnages et vivre ma vie à travers eux. Peut-être que le but de ce jeu est de me révéler quel est mon véritable personnage. Que je puisse découvrir mes paramètres vitaux et mon identité mentale. Comme dans le jeu, seule mon apparence physique m'est imposée : tous les autres paramètres sont modifiables.
Le jeu et la vie ? Le jeu est la vie ? Après tout...
La seule chose qui me gêne est que, quand je joue, le temps défile à une vitesse folle. Je mets mes lunettes, je les enlève : trois heures sont passées et je n'ai rien senti. Je n'ai plus le temps de rien faire d'autre mais je ne le fais pas exprès. Que vaut une minute si je m'ennuie au lycée ou si je la gaspille dans mes aventures ? Si je gardais définitivement mes lunettes, je vieillirais à une vitesse accélérée mais, dans l'action permanente, je ne m'en rendrais pas compte.

"Je vais maintenant pouvoir aborder le cinquième niveau : Prométhée. J'ai finalement réussi à dénicher une description complète de l'histoire sur un blog. Mais il semble que peu de joueurs soient, jusqu'à maintenant, parvenus à faire le tour de ce niveau. Là encore, le scénario est très classique : un mystérieux personnage vous révèle l'existence d'un objet magique capable d'apporter de fabuleux pouvoirs à celui qui le possède (la forme de l'objet change d'un joueur à l'autre), il vous propose de vous aider à le découvrir et à vous en emparer. Une fois l'objet en votre possession, un cataclysme s'abat sur votre monde et détruit toute votre civilisation. Dans ce paysage de ruines et de désolation, vous devez utiliser vos nouveaux pouvoirs pour reconstruire une humanité. Votre peuple vous suit et vous est dévoué : vous devez l'amener à vaincre ses ennemis et à établir une nouvelle civilisation. En gros, le joueur doit d'abord devenir un héros et le héros doit devenir une sorte de guide. Presque un Dieu. Pas mal comme challenge.
Être le dernier dans le monde réel ou devenir le premier dans un monde virtuel...

 

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