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Cher ami,
J'ai bien reçu les fichiers que vous m'avez envoyés et leur décryptage n'a finalement pas été très difficile.
Néanmoins, le rapport confidentiel que j'y ai découvert s'avère être un document fort long, très administratif (une autre forme de codage) et dont le déchiffrage final nécessite une manipulation presque mot par mot : le travail que m'avez confié avance mais n'est donc pas encore terminé.
Je peux d'ores et déjà vous confirmer qu'il s'agit bien de données classées secrètes émanant du ministère européen de la Recherche et des Nouvelles Technologies. Mais il semble aussi que ce rapport ait été établi en étroite collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et celui de l'Industrie. Comme si les experts du contre-espionnage français avaient demandé leur avis à des scientifiques et des ingénieurs sur un sujet particulièrement sensible.
Ce "sujet" est désigné par le nom de code B7.66 et j'ai cru tout d'abord qu'il s'agissait d'un produit chimique ou d'une souche bactériologique.
En fait, non. Il s'agit apparemment d'un prototype révolutionnaire de neuro-puce, déjà utilisé en médecine mais dont les utilisations possibles pourraient s'avérer beaucoup plus larges que celles prévues au départ. La dénomination la plus précise que j'ai pu obtenir de cet objet est, pour l'instant, un "processeur neuro-holographique sur base protéine".
J'ai ensuite lancé ce nom sur différents moteurs de recherche et sur des forums de discussion spécialisés. Les résultats que j'ai obtenus sont très intéressants.
En effet, ce type de "neuro-puce" n'est pas inconnu pour les gens bien informés dans le domaine des nouvelles technologies médicales et de la cybernétique. Mais sa seule évocation semble susciter une sorte de... malaise et pas mal de suspicion à l'encontre de ceux qui posent trop de questions. Ainsi, je n'ai obtenu que très peu de réponses mais je sais déjà que plusieurs personnes ont essayé de retrouver ma trace grâce à des logiciels "chiens de chasse" (des logiciels de recherche d'identité) lancés sur mes messages. Rassurez-vous, comme je vous l'ai déjà confirmé, je dispose de tout le matériel nécessaire pour ne pas être inquiété par ce genre d'agression.
Les moteurs de recherche que j'ai consultés m'ont aiguillé sur des sites spécialisés dans les traitements des maladies d'Alzheimer et de Parkinson, ce qui correspond bien au contenu du rapport que vous m‘avez transmis. Le prototype B7.66 serait en fait une neuro-puce (c'est-à-dire une puce électronique destinée à être implantée dans le système nerveux humain) de quelques millimètres inventée récemment par un laboratoire européen (une équipe de recherche dirigée par un certain Michael Altmon-Richard). Directement greffé sur une zone précise du cerveau humain, ce petit appareil a eu, semble-t-il, des résultats spectaculaires dans le traitement de maladies nerveuses jusqu'alors incurables.
Le rapport que je suis en train de décrypter comporte d'ailleurs plusieurs pages sur l'impact croissant de la maladie d'Alzheimer dans les sociétés occidentales et asiatiques de plus en plus vieillissantes. Pris par ce type de dégénérescence, les esprits même les plus brillants déclinent irrémédiablement vers une incapacité totale à se repérer dans le temps et l'espace, à articuler un raisonnement, à concevoir des idées... bref, une altération fatale de toutes les capacités intellectuelles jusqu'à leur quasi-disparition.
La maladie de Parkinson, elle aussi en pleine augmentation, se manifeste par des tremblements et par une perte progressive de tout contrôle musculaire. Vous n'aurez aucun mal à trouver de plus amples informations sur ces deux affections.
Ces dernières années, les legs et donations pour la recherche sur ces maladies ont considérablement augmenté, ce qui a alimenté une concurrence farouche entre les plus grands laboratoires mondiaux. Dans la plupart des sondages, ces deux maladies sont présentées, et de loin, comme les plus redoutées aujourd'hui par l'ensemble de la population.
Aucun traitement chimique ou génétique ne s'était jusqu'alors montré efficace, si ce n'est pour ralentir un peu la progression de la maladie. Les premières solutions apparaissent aujourd'hui, non pas sous forme de médicaments mais grâce aux derniers développements des sciences de l'électronique et des nanotechnologies.
Les premières neuro-puces - expérimentales - ont été implantées il y a moins d'un an (peut-être y a-t-il eu des tentatives précédentes mais elles n'ont pas laissé de traces) directement dans le cerveau de personnes atteintes de symptômes très aigus des maladies d'Alzheimer et de Parkinson. Il s'agissait d'opérations de la dernière chance mais les résultats ont, semble-t-il, été stupéfiants, bien au-delà de tous les espoirs médicaux. D'où aussi la difficulté de garder un secret total autour de cette découverte.
Soumises en permanence aux stimulations des puces, les personnes implantées ont repris progressivement, en l'espace de quelques semaines, la totalité de leurs facultés intellectuelles et motrices... et même au-delà de leurs capacités initiales.
Correctement positionnées dans les lobes cérébraux, les neuro-puces rectifient la transmission, l'aiguillage et la coordination de millions de signaux électriques circulant en permanence dans le cerveau. Et ce à une vitesse comparable à celle des neurones humains, voire supérieure. Mais l'équipe de neurochirurgiens dirigée par le Professeur Altmon-Richard a constaté des effets secondaires auxquels elle ne s'attendait absolument pas. En effet, les personnes implantées, après avoir recouvré l'ensemble de leurs capacités intellectuelles, se sont montrées capables d'acquérir à une vitesse phénoménale des connaissances et des techniques qu'elles ne connaissaient absolument pas avant leur maladie.
Les exemples cités dans le rapport confidentiel du ministère sont très précis. Le premier patient implanté, âgé de 64 ans, était un passionné de littérature atteint de la maladie d'Alzheimer : dans un premier temps, il fut capable de réapprendre à lire (faculté dont il n'était plus capable) et il s'aperçut que, peu à peu, il était capable de mémoriser sans aucun effort l'ensemble des livres qui lui étaient proposés. Il avait retrouvé l'ensemble de ses facultés de réflexion, de coordination, de déduction mais il disposait, en plus de cela, d'une capacité de mémoire qui, d'un seul coup, ne semblait plus avoir de limite. Et ce sans aucun trouble ni aucune souffrance cérébrale particulière.
Un autre patient - âgé de 72 ans - qui, à cause de la maladie de Parkinson, n'était même plus capable de tenir un stylo a retrouvé toutes ses capacités motrices ainsi qu'une excellente coordination de ses mouvements : bien au-delà de ses capacités antérieures. Des tests se poursuivent pour essayer de comprendre l'étendue de ses nouvelles capacités. Parmi ses nouvelles performances se trouvent même des fiches présentant des progrès stupéfiants... au tir à l'arc !
En bref, sur huit patients implantés, tous ont montré des capacités cérébrales absolument phénoménales et, en particulier, un pouvoir de mémorisation quasi-illimité. Imaginez donc : une personne reçoit l'implantation de la neuro-puce B7.66 et se montre capable d'acquérir, en quelques semaines, des connaissances dignes d'un prix Nobel de physique ou d'un universitaire de quelque spécialité que ce soit. Lire une encyclopédie et en mémoriser tous les articles !
Bizarrement, toutes les conférences prévues par le Pr. Altmon-Richard pour faire le bilan sur cette expérimentation ont été rapidement annulées. Officiellement, d'après le site de son laboratoire, les implantations n'auraient même pas encore eu lieu et resteraient à l'état de projet régulièrement repoussé pour des problèmes techniques.
Il semblerait que, après un bref moment d'euphorie, Altmon-Richard ait reçu des consignes très strictes de la part du ministère de la Recherche, voire même de plus haut... Des informations ont ensuite circulé de manière très discrète entre différents laboratoires européens et américains qui avaient participé aux recherches préalables sur la neuro-puce B7.66. D'autres tests ont été réalisés, sous une protection de secret-défense, pour confirmer le potentiel formidable de cette découverte. Tous les résultats semblent positifs et laissent envisager des utilisations quasi-illimitées de cette nouvelle technologie.
Mais le rapport du ministère ne présente pas que des sujets de satisfaction. Pour l'instant, personne ne semble vraiment savoir quoi faire de cette découverte : il est clair en tout cas que, une fois révélée au grand public, l'utilisation de la puce B7.66 ne pourra pas se limiter au traitement des maladies d'Alzheimer et de Parkinson. Elle suscitera à coup sûr un très grand nombre de convoitises.
Et le secret semble bien difficile à garder. De plus en plus de personnes sont au courant, de manière plus ou moins précise, du succès de cette expérience.
En fait, l'auteur du rapport confidentiel s'inquiète surtout d'expérimentations similaires menées dans plusieurs pays d'Asie. Selon ses informations, plusieurs gouvernements auraient l'intention de profiter du secret qui entoure cette découverte pour mener de nouvelles expériences et prendre une avance technologique qui pourrait être décisive. En Europe, l'opposition s'accentue au sein du gouvernement entre ceux qui souhaitent rendre publique la découverte et ceux qui veulent maintenir le secret défense. Néanmoins, le fait que vous m'ayez transmis ce rapport montre que les fuites se multiplient et que, d'ici peu, la rumeur se répandra dans les médias.
Une fois terminé le décryptage de ce rapport, souhaitez-vous que je le transmette (de manière anonyme) aux principales agences de presse et aux rédactions des différents journaux ? Il y aura sûrement de quoi lancer une véritable bombe médiatique.
Tenez-moi au courant de vos intentions de la manière habituelle.
Bien à vous,
M.
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