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A la Une : "L'effet d'une bombe."
Comme on le dit parfois dans notre métier, la conférence de presse tenue ce matin par Francesca Minguela a véritablement fait "l'effet d'une bombe" dans les débats autour de la neuro-puce B7.66 (voir les images).
Femme de convictions et professionnelle de la communication, elle a su à la fois affirmer des opinions fortes et réfléchies tout en ménageant des effets de style propres à captiver l'attention des journalistes et du public autour de ses propositions.
Sa présentation de la situation actuelle fut claire et, il faut bien le dire, assez radicale. Selon Francesca Minguela, la mise au point de la neuro-puce B7.66 a avancé de plusieurs dizaines d'années des questions que l'Humanité aurait eu, tôt ou tard, à se poser face au progrès technologique. Selon elle, il ne s'agirait ni plus ni moins que d'un "véritable tournant dans l'histoire de toutes les civilisations".
"Cette fois, le progrès technologique vient s'implanter au coeur même de la nature humaine et c'est toujours la même question qui revient : peut-on ralentir, stopper ou éviter le progrès ? Quelles que soient les réticences, nous savons que la réponse finale sera "non", comme d'habitude depuis que l'homme a créé les premiers outils de pierre. Il serait donc inutile - voire hypocrite - de se poser trop longtemps ce type de questions. [...] A partir de cela, réfléchissons à la meilleure manière d'anticiper et de préparer les événements puisqu'il sera impossible de les éviter." (lire l'intégralité des déclarations)
Selon Francesca Minguela, il faut d'ores et déjà imaginer une société dans laquelle chaque individu pourra obtenir des capacités intellectuelles décuplées. "Comment éviter que cet immense pouvoir soit confisqué par un petit groupe de personnes qui chercheraient, à coup sûr, à mettre en place un nouveau type de dictature ? Comment éviter les luttes de factions, les guerres entre les pays qui voudraient s'approprier cette technologie et dominer les autres ? [...] D'ici peu, les questions sur le bien ou le mal de cette découverte disparaîtront d'elles-mêmes et il suffira de poser aux gens, dans la rue, la question suivante : souhaitez-vous posséder, comme d'autres, une intelligence supérieure ? Qui répondra "non" à cette question ?
Certains le feront au début par crainte, par nostalgie ou par idéalisme mais, soyons réalistes, il suffira qu'une seule personne possède cette nouvelle forme d'intelligence pour qu'au moins vingt personnes autour d'elle souhaitent l'acquérir à leur tour. C'est ce qui s'est déjà passé autour des premiers cas expérimentaux : certains de leurs proches ont été tellement impressionnés par les résultats du traitement qu'ils l'ont réclamé aussitôt à titre préventif. On sait également que plusieurs dizaines de personnes ont déjà simulé des effets de la maladie d'Alzheimer pour essayer de tromper les médecins. [...] Cette implantation reste un acte chirurgical important mais les techniques ne cessent de se perfectionner. Le temps de l'intervention a déjà été divisé par deux depuis les premiers essais.
Soyons clairs : sur le long terme, cette nouvelle technologie ne présente que des avantages et son succès est inévitable. Dans moins d'un an, la quasi-totalité de ceux qui auront dit "non" auront changé d'avis et les autres n'auront plus d'arguments valables pour convaincre les indécis."
Selon Francesca Minguela, entre la dictature et la guerre, le risque le plus immédiat est celui de la dictature : si cette technique existe, elle doit être accessible à tous. Non pas pour l'imposer mais, comme pour le droit de vote, pour en assurer un accès le plus universel possible.
"Comme vous, je frémis à l'idée que, un jour, chaque être humain, chaque enfant même, doive avoir dans le crâne un composant électronique pour pouvoir vivre correctement dans une nouvelle forme de société. Mais, comme vous, je serais terrorisée à l'idée que mes enfants soient privés de leurs droits et traités comme une espèce inférieure par d'autres personnes qui, sans aucun mérite particulier, feraient partie de la nouvelle espèce dominante [...] Je vous le répète, avant d'avoir peur, regardez vos enfants dans les yeux et posez-vous sincèrement la question : à quoi ressemblera le monde dans une vingtaine ou une trentaine d'années ?
Pouvons-nous décréter une interdiction de la puce B7.66 dans toute l'Europe ? Peut-être, mais d'autres pays la développeront et, en quelques années, ces pays auront acquis sur nous une supériorité technologique et scientifique telle que, d'une manière ou d'une autre, nous finirions par leur être soumis et nous perdrions notre indépendance et nos libertés.
[...] Sincèrement, je ne peux pas encore imaginer à quoi ressemblera ce nouveau monde de "génie universel" où chacun sera capable de comprendre des techniques aussi complexes que la fission nucléaire ou la manipulation génétique. Mais je suis convaincue que nous n'avons pas d'autre choix que d'avancer et qu'il va falloir se décider vite avant que d'autres ne le fassent à notre place. Nous verrons plus tard comment résoudre les problèmes inévitables de cette nouvelle société mais, quel que soit le sort qui nous attend, la règle de la démocratie sera toujours la même : plus nous serons nombreux à participer, meilleures seront les décisions."
Après avoir répondu à quelques questions, Francesca Minguela a gardé pour la fin sa proposition la plus surprenante. Estimant que le temps des discussions n'était pas illimité, elle a déclaré officiellement son intention de recevoir elle-même, le plus rapidement possible et sans aucune justification médicale, l'implantation d'une neuro-puce B7.66 dans son propre cerveau. "Il est temps que l'opinion publique puisse observer par elle-même, et non au travers de rapports médicaux trafiqués, les effets concrets de cette nouvelle technologie. Tout le monde doit voir, savoir et comprendre et, si ma demande est acceptée, je ne cacherai absolument rien de mon état physique et mental.
De par les déclarations que je viens de faire en faveur de la puce B7.66, il me semble normal de me porter volontaire mais je ne souhaite évidemment pas être la seule candidate à ce test public."
Mme Minguela a déclaré avoir déjà déposé une demande officielle auprès du ministre européen des Nouvelles Technologies. Kevin Martin-Syrat n'a encore fait aucune déclaration à ce sujet...
Si sa demande n'était pas traitée en urgence - ou si elle devait être refusée - la journaliste s'est déclarée prête à partir subir une implantation à l'étranger dans un institut privé et indépendant.
Les propos de Francesca Minguela sont allés bien au-delà de ce que la plupart des observateurs attendaient de sa part. Pour elle, il n'est plus seulement question d'analyser une situation mais d'anticiper dès maintenant un résultat connu d'avance. "Il faut se préparer à s'adapter", a-t-elle déclaré à plusieurs reprises et les mots significatifs les plus souvent employés durant son intervention furent "urgence" et "démocratie" (voir nos calculs). Tout un programme...
Tout au long de la conférence de presse, aucun journaliste présent n'a vraiment essayé de contredire Mme Minguela dont les propos avaient été minutieusement préparés. Néanmoins, si le débat autour de la puce B7.66 vient incontestablement de recevoir un nouveau souffle, il est encore loin d'être clos et les réactions de tous bords commencent à se multiplier sur les forums.
Pour finir, lorsque certains journalistes ont demandé à Mme Minguela de préciser les pays auxquels elle pensait quand elle évoquait des éventuels risque de guerre, celle-ci a clairement désigné certaines grandes puissances asiatiques telles que la Chine, le Japon, l'Inde, le Pakistan ou encore l'Indonésie. (lire les déclarations)
Là encore, des réactions officielles ne devraient pas tarder à nous parvenir.
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