Francesca Minguela...
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Cher ami,
J'ai suivi avec la plus grande attention (tout comme vous je pense) la conférence de presse donnée par le professeur Altmon-Richard.
Elle fut autant intéressante par ce qu'elle a enfin permis de dévoiler au grand public que par tout ce que le professeur n'a pas osé dire ni même aborder.
Sur le plan strictement médical, Altmon-Richard a globalement confirmé les informations que j'avais pu obtenir (grâce à vous) sur des messageries gouvernementales et scientifiques : le caractère totalement inoffensif pour la santé de la puce B7.66 dont les techniques d'implantation peuvent être encore largement simplifiées (ce qui laisse envisager des programmes d'implantation à grande échelle). Il a confirmé également que la neuro-puce était un transmetteur totalement neutre : l'information n'est pas stockée sur la puce elle-même mais sur les protéines du cerveau et l'on ne peut donc pas y programmer à l'avance les informations que l'on souhaite faire acquérir à la personne.
Néanmoins, d'après les messages que j'ai pu intercepter, je sais que des implantations de puces pré-programmées ont effectivement eu lieu mais que ces essais se sont avérés très décevants, voire catastrophiques.
En effet, une puce vierge correctement placée permet à un individu de conserver, sous forme d'impulsions électriques, des quantités astronomiques d'informations sur des molécules de protéines situées dans des zones sous-utilisées de notre cerveau. Ces informations sont alors immédiatement disponibles dans la mémoire de l'individu exactement comme celles acquises grâce à nos cinq sens. De plus (et c'était le premier intérêt de cette puce), la B7.66 permet de réguler et de coordonner les milliards d'impulsions électriques qui traversent en permanence notre cerveau. L'individu ne subit donc aucune sensation de "saturation" ou de "débordement" de sa mémoire : le fonctionnement de celle-ci reste strictement identique mais avec des capacités plus que décuplées.
La surprenante adaptation de cette puce au fonctionnement global de notre cerveau reste très largement un mystère : comme Altmon-Richard l'a expliqué, il s'attendait à de nombreux cas de rejets mais ceux-ci ne se sont encore jamais produits.
D'après ce que j'ai pu trouver par ailleurs, aucun scientifique (et pas seulement Altmon-Richard) n'a pu donner d'explication globale pour expliquer la réussite "au-delà de toutes les espérances possibles" de cette expérience technologique et médicale.
En fait, il semblerait que le rôle des scientifiques soit plus d'observer et de recenser toutes les performances de la B7.66 plutôt que de les expliquer : on multiplie les expériences tous azimuts et on garde celles qui donnent les meilleurs résultats.
Et, comme vous l'aviez sûrement deviné, c'est là que s'est arrêtée la bonne foi du professeur Altmon-Richard. Face à toutes les questions concernant les utilisations futures de sa découverte, il a mis en avant le manque de recul "qui ne permet pas de connaître les effets à long terme de cette nouvelle technique qui doit, pour l'instant, se limiter au traitement des cas médicaux les plus sérieux : seuls ceux qui n'ont plus rien à perdre peuvent désirer être implantés sans délai. Pour les autres, ce serait déjà de la science-fiction..."
Peut-il réellement ignorer que, dès les premières rumeurs concernant sa découverte, des dizaines de laboratoires et d'agences gouvernementales de par le monde se sont lancées dans des campagnes d'essais frénétiques dans le but de maîtriser le plus tôt possible les immenses possibilités de ce traitement ?
J'ai pu apprendre que plusieurs pays avaient déjà tenté, dans le plus grand secret, des implantations de puces pré-programmées destinées à stimuler telle ou telle capacité du cerveau humain. Et il ne s'agissait pas de personnes malades... Aucun résultat positif n'a, semble-t-il, été obtenu pour l'instant. J'ai même intercepté des conversations parlant de retraits en urgence de puces implantées et, même, de deux cas de suicides.
Les principaux responsables de laboratoires se savent espionnés mais, dans l'obligation d'aller plus vite que les autres, ils doivent sans cesse communiquer et comparer leurs résultats avant de rendre des comptes à leur gouvernement. Et c'est à ce moment-là que j'interviens... Je n'ai pas toujours accès aux messageries des directeurs de recherche mais les secrets sont tellement gros que je peux toujours intercepter des "bruits de couloirs" ou des "messages secondaires" très intéressants.
Actuellement, les informations les plus importantes que j'ai pu récupérer proviennent du Japon et, plus globalement, des pays d'Extrême-Orient.
Altmon-Richard n'a absolument pas parlé de l'importance politique et stratégique de sa découverte, et pourtant...
Il semble que le gouvernement japonais s'inquiète de plus en plus de l'avance que prend son énorme voisin, la Chine, dans ses expérimentations : l'ambition de l'actuel Président chinois serait, d'ici deux ans, de disposer de plusieurs milliers de "nouveaux génies scientifiques" prêts à se lancer dans tous les domaines de recherche possibles et imaginables. Le Président semble fasciné par ce nouveau processus et ne pas vouloir attendre un éventuel accord international sur la manière de le développer.
Un informateur japonais déclare même avoir vu passer des listes de "commandes de cerveaux" écrites par les différents ministères chinois pour évaluer leurs futurs besoins.
Inutile de dire que, malgré ses déclarations officielles, le gouvernement japonais a d'ores et déjà lancé tous ses laboratoires dans cette "course à la puce", quitte à abandonner d'autres projets importants en cours. Le risque serait beaucoup trop grand de prendre du retard dans un tel domaine, sachant la compétition quasi-permanente qui agite ces deux grands pays d'Asie.
Parallèlement, la tension monte pour les mêmes raisons entre la Chine, Taiwan, Singapour, la Corée et l'Indonésie. Comme le Japon, tous ces pays ont largement les moyens financiers et technologiques de mettre au point et de fabriquer en grandes quantités des puces de type B7.66. Le principal problème à régler reste celui de l'implantation dans le cerveau (qui reste une opération neuro-chirurgicale lourde) mais, là encore, de nombreuses expériences de simplification semblent en cours.
Bref, personne ne sait vraiment où cette course peut mener mais il est clair que tout le monde veut y aller avant les autres.
Les laboratoires américains et européens - à l'origine de cette découverte - restent sur le qui-vive mais attendent avec impatience les ordres (et les crédits) de leur gouvernement. Les recherches fondamentales se poursuivent mais, à ma connaissance, aucune expérimentation à grande échelle ne semble avoir été décidée. Et je pense que c'est là que le poids de l'opinion publique peut être déterminant.
En Asie, les tensions politiques sont trop fortes et les gouvernements trop autoritaires pour permettre de véritables discussions.
Une chose est sûre : malgré tous les beaux discours, ces pays s'observent les uns les autres et guettent le moindre signe d'agressivité pour déclencher officiellement une course technologique sans précédent (je le crois) dans l'histoire de l'Humanité. D'ici-là, personne n'ose parler le premier mais les secrets deviennent bien difficiles à garder.
Alors, cher ami, que pouvons-nous faire ?
Pour ma part, les informations que je diffuse ne sont presque plus reprises par les agences de presse et les journalistes.
Ils se méfient désormais des informateurs anonymes. Ils sont assaillis de rumeurs et veulent pouvoir vérifier eux-mêmes leurs informations.
Vous, peut-être, serez-vous mieux placé que moi pour faire bouger les choses. Je ne sais pas qui vous êtes mais, depuis nos premiers échanges, vous m'avez prouvé que vous êtes quelqu'un de très bien informé. Vos contacts et vos codes d'accès se sont toujours révélés d'une efficacité remarquable (à commencer par le rapport confidentiel que vous m'avez transmis).
De plus, j'ai l'impression que certaines informations que je n'ai révélées qu'à vous se sont habilement retrouvées sur les bureaux de certains journalistes particulièrement influents. Qu'en pensez-vous ?
J'ai bien compris, par contre, que vous ne vouliez pas prendre de risque en manipulant vous-mêmes les codes confidentiels que vous possédez. Je peux continuer à m'occuper de cela mais peut-être est-il temps pour vous de prendre un peu plus de risques... Le fait d'être anonyme est, à la fois, une protection mais aussi une limite. Si nous voulons entretenir et intensifier les débat public, il faudra que quelqu'un "de poids" se décide à avancer à visage découvert pour mobiliser les médias. Qu'en pensez-vous ?
Bien à vous,
M.
Effacement des paramètres ?