1er parchemin

 

     " Quand il était petit enfant (infans), son père travaillait la terre et son grand-père lui révélait des secrets qui ne seraient plus de mise aujourd'hui.
Il lui parlait de cette terre qu'il tenait dans ses mains et qu'il fallait sans cesse cultiver. Cette terre était vivante et il la connaissait bien.
Selon lui, elle respirait, elle mangeait, elle buvait, elle gardait ce qui était bon pour elle et crachait ce qu'elle ne voulait pas. Elle pouvait être amicale, généreuse, dure, sévère, violente.
Son grand-père ne se prosternait pourtant pas devant les arbres comme certains l'en ont accusé plus tard. Il se tenait debout, il les regardait et, parfois, il leur parlait. Il leur parlait comme à des êtres doués de vie et il se demandait souvent ce que cela lui aurait fait s'il avait été à leur place.
Il expliquait au petit enfant que la terre vivait et que nous vivions sur cet animal comme les puces vivent sur le dos de nos bêtes et, souvent, sur nous-mêmes. Parfois, les puces sont insupportables et il faut les chasser par l'eau et le feu. Mais, la plupart du temps, les petits animaux trouvent tout ce qu'ils veulent sur le dos des plus gros sans que ceux-ci ne trouvent à s'en plaindre...
Ainsi, la terre était simplement un animal dont nous ne pouvions pas voir les limites. Elle se nourrissait, buvait, crachait, dormait, souffrait, acceptait ou refusait de nous accorder ce dont nous avions besoin. Il fallait lui parler, la comprendre et accepter ses décisions.
Et le ciel dans tout cela ?
Le ciel, ce sont deux frères prêcheurs, de l'ordre de saint François, qui l'ont apporté pour la première fois. Ils étaient à la fois très doux et bien sévères. Ils se montraient patients et fraternels avec ceux qui les écoutaient mais ils étaient implacables face à ceux qui leur résistaient. Eux ont expliqué que la nourriture venait de la terre mais que l'amour venait du ciel.
La terre et les arbres n'étaient que quelques-uns des multiples cadeaux apportés par Dieu pour le service des Hommes. Il fallait remercier celui qui nous tendait les fruits et non pas le panier qui les contenait. Leurs mots étaient clairs. Les hommes devaient souffrir et se courber pour cultiver la terre mais tout devait les amener à regarder le ciel pour remercier Dieu de ce qu'il leur avait accordé. Les genoux sont posés sur le sol mais les yeux sont tournés vers le ciel.
Les deux frères prêcheurs parlaient fort pour enseigner les vérités de la foi et personne n'osait les contredire...
Il se passa ensuite des choses qu'un moine aujourd'hui ne saurait évidemment reprocher à deux envoyés de Dieu mais que le petit garçon, lui, n'a jamais vraiment comprises. Celui qui cherche à convaincre doit-il aussi forcément punir ? "

 

2ème parchemin...