3h54
"Je crois que je me suis endormi sur le bureau. Je vais essayer de terminer ça rapidement... mais je ne sais pas encore vraiment par quoi doit commencer la fin de l’histoire."
Cette nuit-là, les fantômes avaient disparu et Sami était seul.
Rien ne l'avait dérangé dans le bureau pendant qu'il rangeait tous les papiers, ni dans les escaliers, ni dans le couloir, ni dans sa chambre.
Comme d'habitude, il fut réveillé par l'écoulement du soleil au travers des volets, probablement vers 10h30. La nuit avait été peuplée de sentiments contradictoires qui l'avaient poursuivi tout au long de son sommeil : il était heureux d'avoir trouvé ce qu'il cherchait mais il était gêné d'en savoir trop.
Penser à Sabine le rendait fier. Penser à Jeannine le rendait furieux. Penser à son père, ou à sa grand-mère, le rendait... mal à l'aise.
Ce matin-là, il allait descendre prendre son petit-déjeuner au milieu de personnes qui n'étaient plus les mêmes que la veille. Ou, plutôt, c'était lui qui n'était plus le même. Tout cela était bien compliqué.
A partir de ce matin-là, il allait devoir mentir. Faire comme s'il ne savait rien... comme tout le monde.
En quittant sa chambre, et en longeant le couloir jusqu'aux escaliers, il se dit que, peut-être, quelqu'un s'était rendu compte de son expédition nocturne et des documents (la photo et la troisième lettre) qu'il avait dérobés. Si c'était le cas, comment chercherait-il à se justifier ?
Au fond, cette perspective le rassurait presque : il faudrait tout mettre à plat et ne plus jouer la comédie. Mais il sentit rapidement que, comme d'habitude, le silence et les sourires habituels l'attendraient au bas des marches. Comme elles, il savait mais, comme elles, il ne dirait rien.
"Pourvu, quand même, qu'il se passe quelque chose..."